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Les cahiers de l’observatoire social territorial portés par la MNT viennent de sortir une étude de Jérôme Grolleau sur la nouvelle donne territoriale : de l’opportunité à la nécessité de changer ?

Une méthode simple

Basée sur une analyse de 36 entretiens semi-directifs (20 catégorie C, 16 catégories B-A), cette étude rejoint les travaux engagés par l’AITF dans le cadre de son enquête sur « le bonheur au travail » des ingénieurs territoriaux. Elle rejoint le rapport établi par l’ADCF, le CNFPT et la FNCDG sur la dimension ressources humaines des schémas de mutualisation. Elle s’intéresse donc aux  agents publics, grands absents des débats sur la réforme territoriale.

Une déstabilisation du corps social

Certes la réorganisation territoriale (nouvelles régions, disparition-résurrection des départements, fusion des intercommunalités, communes nouvelles) suscite de légitimes inquiétudes. Les agents ne perçoivent pas nécessairement l’intérêt des restructurations, n’y voient qu’une approche de réduction des dépenses, appréhendent l’éloignement de la décision du terrain, mettent en cause certaines pratiques de quelques  élus prompts à des recrutements clientélistes malgré les contraintes budgétaires. Et surtout ont peur d’une réduction du « socle social » des prestations dont ils peuvent bénéficier (action sociale, protection sociale) et conçoivent les réorganisations comme une menace sur l’avenir professionnel.  Quelle que soit leur qualité professionnelle, les décisions de maintenir les postes, de les transférer, voire de les supprimer sont ou seront inéluctables.

Mais une opportunité pressentie

Pour autant, le rempart du statut rassure et l’occasion est donnée de revisiter son parcours professionnel et ses perspectives de mobilité. La posture auto-critique amène également à s’interroger sur les marges de manoeuvre,  l’existence de poches de « sous-travail » et comme dans toute optimisation d’organisation,  tout n’est pas à jeter dans la réforme. L’occasion est donnée de décloisonner les organisations, de rendre plus réactifs les processus de validation, de poser des objectifs, de valoriser l’usage des nouvelles technologies. Voire de repenser l’action publique en fonction d’un contexte budgétaire restreint.  Et de faire place au débat public en valorisant l’ écoute citoyenne.

A laquelle les cadres se préparent

La place des cadres fait débat selon les postures internes. Certains sont confrontés au « court-circuit », d’autres à la « délégation-abandon » mais d’autres sont au cœur  d’une approche collaborative positive avec les élus décideurs. Mais cette opportunité de bifurcation, de rénovation des relations au sein des organisations constitue une nouvelle donne sociale mise de fait à l’agenda. Et dans laquelle les cadres vont devoir ajuster leur pilotage et leur communication. Dans un contexte d’incertitude, le silence est contre-productif. Et l’accompagnement « attentionné » des agents s’impose. Faire confiance et déléguer, valoriser des parcours professionnels avec des plans de formation adaptés, utiliser les prestations sociales comme levier de dynamique sociale et redonner du sens aux missions de chacun est une ardente nécessité.